Écrire à l’expo Zao Wou-Ki (3/3)


Il m’en aura fallu du temps pour reprendre les clés de ce site, et poursuivre son alimentation. Voici donc le troisième volet de la série initiale issue de l’atelier d’écriture auquel j’ai participé lors de l’exposition Zao Wou-Ki au Musée d’art moderne de Paris.

Shanghai, le 17 juin 1948

Cher Zao,

Voilà, je n’ai d’autre choix que de t’écrire vu que tu ne décroches plus jamais quand je t’appelle. C’est à croire que tu filtres tous mes coups de fil, et ça me donne bien quelque inquiétude.

D’un autre côté, quelle idée aussi d’aller s’exiler à l’autre bout de la planète pour y vivre ? Et surtout de cette façon-là ?!

Bon n’empêche que par tes idioties, tu ne sais donc pas que je suis allée voir ton exposition dans la petite galerie à côté de la maison.

Eh bien, je n’y ai pas vu de quoi fouetter un chat. Ces toiles sont plutôt banales, et surtout, elles ne figurent absolument rien, quel comble ! Ce qui ne fait que me conforter dans ma première impression. Allons Zao, quand vas-tu enfin te décider à te trouver un vrai métier, hein ?

Tes taches de couleur là, c’est pas mal, mais ce n’est pas ça qui va te remplir la panse. Tu te rends compte des conséquences de cette lubie à laquelle tu cèdes comme ça ? Ton père arrive bientôt à l’âge de la retraite et alors, qui reprendra son garage, je te le demande ! Il était tellement évident que ce devait être toi.

Et non, au lieu de ça, Mônsieur préfère baguenauder à Paris avec ses pinceaux dans la poche. Il serait temps que tu redescendes sur terre et que tu te décides enfin à écouter ta vieille mère.

Au fait, j’ai toujours ces pots de confiture que je t’avais réservés tu sais, il serait temps que tu viennes les chercher.

Oh, mais c’est que l’heure tourne. Il va falloir que je te laisse. Allez Zao, cesse de faire l’enfant et envoie-nous quelques nouvelles.

Je t’embrasse très fort, mon petit nuage.

Maman

 

« Toute ma vie, je n’ai souhaité que peindre les nuages. »

Zao Wou-Ki

Laisser un commentaire